La voix du Sahel

TOUT SUR L'AFFAIRE LOMPO

Depuis le 27 juillet 2011, M. Idrissa Lompo n’est plus préfet de Gorgadji. Ainsi en a décidé le ministère de l’ Administration du territoire et de la sécurité à travers une note verbale qui a atterri sur le bureau du gouverneur de la région du Sahel, supérieur hiérarchique du préfet. Ainsi donc, Lompo, après plus de 04 ans de commandement s’en est allé. Seulement voilà. Le préfet Lompo nommé en Conseil de ministres aurait préféré une sortie plus honorable. Mais hélas. arrivé en grande pompe et accueilli par une population en liesse, c’est presque sur la pointe des pieds pour ne par dire en catimini que le tout puissant préfet de Gorgadji s’en est allé. Que s’est- il passé donc? Un beau matin, la nouvelle a circulé dans tout le Sahel faisant état d’ «une marche de la population à Gorgadji contre le préfet». Et très vite, les choses sont allées. Après donc cette marche, la hiérarchie ne s’est pas embarrassée de questions. Le préfet Lompo fut sacrifié sur l’autel de la recherche de la paix et du calme. Chat échaudé craint l’eau froide dit- on. Et le gouvernement de Beyon Luc Adolphe Tiao, qui tire son origine des marches et autres manifestations, ne ménage aucun effort pour faire revenir le calme partout, même dans le pays réel. Les dirigeants ne veulent plus entendre parler de marches. Et pour cela, tous les moyens sont bons, comme par exemple sacrifié un pauvre préfet. C’est l’air du temps, et le pauvre Lompo pour avoir été au mauvais endroit à la mauvaise période le paya très cher. Voilà comment et pourquoi, il fut mis fin aux fonctions du préfet  Lompo Idrissa à Gorgadji. Bien évidemment, l’affaire fera le tour du Sahel, fera couler beaucoup d’encre et de salive. Partout on en parle tant et si bien que l’on se pose la question de savoir pourquoi un simple préfet relevé de ses fonction passionne tant, et fait même bouger les états majors des partis au Sahel. La raison est toute simple. Le préfet relevé de ses fonctions n’est pas n’importe qui, surtout au plan politique.  En tout cas, dans le landerneau politique du Séno, Lompo est perçu comme un fauve politique, redoutable et redouté tant par les opposants qu’au sein de sa formation politique le CDP. La preuve en est qu’aux élections présidentielles passées, Lompo fut le seul a avoir fait mordre la poussière au PDS de Arba Diallo dans son secteur. Même Kader Cissé a été battu dans son propre secteur par Arba. Sauf Lompo a sauvé l’honneur du CDP à Dori. Si officiellement ses camarades du CDP le félicitent, officieusement, ils avalent difficilement cette victoire de Lompo, surtout que ce dernier ne rate pas l’occasion pour le faire savoir. Du côté de l’opposition, Arba digère difficilement cet affront à lui infligé par Lompo à Dori. Et ce n’est pas fini. A Gorgadji où il était en poste, Lompo va également se couvrir de gloires et d’éloges . Toute chose qui fera élargir les rangs de ses détracteurs. En effet, Gorgadji fut un cas d’école. Cette commune rurale  fut jadis un bastion imprenable du PDS de Arba Diallo. C’est ainsi qu’aux législatives de 2005, le PDS remporta haut la main, la commune de Gorgadji devant le CDP. Un certain Cissé Boubacar fut alors élu maire. Mais par la suite, Cissé Boubacar fut ramené à la raison car il lui était pratiquement impossible de gérer une commune depuis l’Allemagne où il résidait en sa qualité de fonctionnaire international. Cissé Boubacar rendit alors sa démission. Conformément aux textes, il fut alors procédé à l’élection d’une nouvelle équipe . Et, coup de théâtre, le PDS fut évincé et le CDP pris les commandes de la mairie. Que s’est-il donc passé? Il s’est passé que un certain Lompo a passé par là. En effet entre temps, Lompo Idrissa fut nommé préfet à Gorgadji. De nombreuses personnes virent en cette nomination, «un coup du CDP pour empêcher le PDS de tourner en rond». Et ces personnes n’avaient pas tord, car une fois nommé préfet, Lompo se cru alors en mission commandée pour le CDP: détrôner le suprématie du PDS à Gorgadji. Et Lompo ne le cachera pas. Il oeuvra au vu et au su de tout le monde pour la victoire du CDP. Inutile donc de dire que depuis cet instant, il sera dans l’oeil du cyclone, les partisans de Arba ayant juré sur les dieux communistes de lui rendre la monnaie de l’affront fait à leur mentor. Au plan social, Lompo Idrissa ne laisse point indifférent. L’homme est connu pour sa «grande gueule et son franc parler» toute chose qui ne lui fait pas que des amis. Certains le trouvent hautain et condescendant. Pour tout dire, Lompo  est le prototype du personnage du haïr et de la crainte. De par son franc- parler, sa «grande gueule» et ses méthodes politiciennes, l’homme est haï par ses adversaires, mais aussi redouté et craint. Vous comprenez pourquoi la nouvelle du départ de Lompo de son poste de préfet n’a pas laissé indifférent, surtout dans les circonstances pareilles. Ainsi donc, chacun s’en est allé de son interprétation. Que n-a-t-on pas entendu sur les raisons du départ de Lompo? Que n-a-t-on pas dit. A  vrai dire, l’affaire méritait donc une virée dans ce bled de Gorgadji afin de comprendre pour nos lecteurs qui ne cessaient de nous harceler  depuis le commencement. Dans ce contexte donc s’inscrit la mission de terrain effectuée le mercredi 10 août 2011. Qu’avons nous observé, vu et entendu? Notre témoignage

La commune rurale de Gorgadji est distante du chef de lieu de région Dori de 56 kilomètres. Le tronçon qui le relie à Dori peut être jugé acceptable comparé à l’axe Dori- Gorom qui est un véritable calvaire. Donc, en moins d’une heure avec ma vieille caisse, me voilà aux portes de Gorgadji. Act 1er, trouver le poste de police pour signaler notre présence à la sécurité en faisant visé notre ordre de mission. Je fut orienté par un habitant. Le commissariat de district de Gorgadji est à l’image de ses frères du Sahel et d’ailleurs: très mal loti. A vu d’oeil, le commissariat est logé dans les locaux d’anciens CDR à en juger par les matériaux de construction et aussi le style. Devant le bâtiment, des éléments tous en civil dévisent assis sur des morceaux de bois servant de bancs. Une fois mon ordre de mission visé, une question tareaude mon esprit: où aller et par où commencer. En effet, notre mission a un objet précis: demander aux populations de Gorgadji pourquoi elles ont marché.pour réclamer  le départ de leur préfet, puisque c’est  la version communement entendue à Dori. Faut- il se rendre sur la place du marché et commencer à interroger les uns et les autres? Avouons que ce paramètre nous avait échappé. Mais très vite nous prenons une décision. Pourquoi ne pas aller sur le lieu du crime si on ose dire ainsi? Nous voilà donc devant le bâtiment servant de préfecture mais sans son titulaire. La porte du bâtiment est fermée. Mais en face, se trouve une vieille bâtisse en banco qui menace de s’écrouler sous le poids de l’âge. J’apprendrai plus tard que c’est l’ancienne préfecture. A l’intérieur  se trouvent des gens. Je frappe à la porte. Un monsieur sort et me rencontre. Nous nous présentons et lui exposons l’objet de notre visite. Très vite, une chaise nous est trouvée sous le hangar face à la préfecture. Après un petit temps de repos, je commence à tracer le plan de mon travail. Qui rencontré, où et comment? Mais à vrai dire, les choses seront très faciles que je ne l’imaginais. En effet, une demi heure à peine, et je suis envahi sous mon hangar par une foule. Jeunes, moins jeunes, femmes, responsables administratifs, bouchers, tailleurs, restauratrices, paysans, bref, toutes les couches étaient là, chacun voulant apporter son témoignage. 

ET JE PERDIS MON LATIN
Comme souligné plus haut, notre visite à Gorgadji visait à donner la parole « aux populations qui ont marché contre leur préfet» afin que ces populations expliquent à l’opinion ce qui les a conduit à adopter cette démarche. Donc, quand je vis déferler à la préfecture des composantes de cette population venues spontanément pour témoigner devant mon micro, je m’attendais alors à des griefs contre le préfet d’une population en colère. Mais je perdis mon latin. Ce que j’entendais ne réfletait en rien ce que j’avais entendu et ce que je voulais entendre. Qu’ai- je entendu? Avant d’arriver à Gorgadji, il se racontait ici et là tas de choses sur le préfet Lompo. Des choses qu’il ne serait pas bon d’évoquer ici. Si réellement le préfet Lompo se comportait de la sorte, evidemment, il ne se trouverait guère un quidam pour prendre sa défense à Gorgadji. Logiquement donc, je m’attendais à ce que tous ceux qui, volontairement se sont présentés pour témoigner nous peignent un Lompo tout en noir. Mais rien de tout cela. Bien au contraire. Le Lompo cité par des dizaines de citoyens de Gorgadji est tout sauf celui «chassé par une marche des populations». Trêve de commentaires. Suivez quelques extraits d’opinion de Gorgadjilais venus témoigner librement. 

LY Amadou, chef ZAT à Gorgadji
« Je remercie le journal  la Voix du Sahel pour cette heureuse occasion qu’elle vient nous offrir pour avoir notre opinion sur une affaire qui nous chagrine et qui ne fait pas honneur à notre cité. Je tiens à préciser que je parle en ma qualité d’habitant de cette cité, et si j’accepte apporter mon éclairage, c’est pour balayer tout ce qu’on entend dire et ici et là que les populations de Gorgadji ont fait ceci ou cela. C’est archi faux. S’il y a des gens qui peuvent prendre les devants quand il s’agit de Gorgadji, je serai parmi les premiers. Si donc je n’ai pas été de cette marche, c’est qu’elle ne concernait nullement les populations de Gorgadji mais l’oeuvre d’un groupe d’individus mus par d’autres intérêts que ceux des populations. Si tout ce qu’on reprochait au préfet était avéré, j’allais être le porte étendard des marcheurs, et on me connaît pour cela. Pour me résumer donc, écrivez le que les populations de Gorgadji, les vraies sont reconnaissantes et redevables à leur préfet qui, depuis son arrivée ne ménage aucun effort pour les soutenir. Et ces populations se démarquent donc de ce groupuscule qui ose parler en leur nom». 


Cissé Tanga ( Tailleur à Gorgadji)
« Dès que j’ai appris qu’il y a un journaliste en ville, j’ai tout abandonné en ce jour de marché pour venir. C’est dire que c’est grave ce qui s’est passé ici à Gorgadji. Ce n’est pas bon, et ce ne sont pas des comportements à encourager. Comment un groupuscule peut se lever,  et au nom des populations de Gorgadji, faire une marche et est suivi par le gouvernement comme ça? Je ne comprends pas. Donc, toi le journaliste, va dire au gouvernement que le jour où la population de Gorgadji ve se lever, il le saura. Voilà pourquoi si le gouvernement va t’entendre, qu’il nous renvoie notre préfet tout tranquillement car si jamais ce n’est pas le cas... Il faut écrire. Ceux qui ont marché, c’est un petit groupe manipulé par le PDS pour détruire notre grand parti le CDP. En tout cas, nous les populations, on ne se reconnaît pas dans cette histoire. C’est ça la vérité qu’il faut dire là bas aux gens là.
Zéri Aïcha, restauratrice
« Monsieur le journaliste, je ne suis pas contente du tout. J’ai entendu dire que les gens de Gorgadji ont marché contre le préfet. C’est quels gens de Gorgadji même. Moi que vous voyez comme ça, rien ne peut se passer au nom de Gorgadji sans que je ne m’implique. Si la marche était organisée par les gens de Gorgadji contre le préfet comme on dit, je serai à la tête. Donc, ce n’est pas vrai. Ce qui est vrai, c’est un petit groupe s’est levé et dire que le préfet n’est pas bon, que le préfet se mêle de beaucoup de choses. Des fausses histoires comme ça. Le préfet là, ce qu’il a fait pour Gorgadji, on ne compte pas. Si ce n’était pas à cause de ce préfet, il y a beaucoup de gens qui n’auraient pas de pièces d’identité. C’est lui qui a grouillé avec ONI là pour ça. Les mots me manquent donc pour parler. Donc, écrivez la vérité M. le journaliste pour que ceux qui vont lire sache que la vérité, c’est ça. Que les gens de Gorgadji n’ont pas marché contre leur préfet et que nous demandons au gouvernement de nous le laisser revenir car ce n’est pas nous respecter quand, à cause d’un petit groupe manipulé, on relève notre préfet. Vraiment on n’est pas content.»
M. Koura Amadou, gardien Airtel
« M. le journaliste, je vais vous dire une chose. Ce que le gouvernement a fait, c’est dangereux. Comment à cause d’un petit groupe excité et manipulé, on va nous enlever notre préfet. Les gens de Ouaga n’ont même pas pris soin de venir enquêter comme tu le fais,et ils enlèvent le préfet. Voilà depuis, le petit groupe fait le malin en ville et se tape la poitrine en signe de victoire. Ce que le gouvernement oublie, c’est que la majorité ne saurait subir la loi de la minorité. Que reproche- ton au préfet? On parle de cyanure, on parle de désignation de responsables de femmes. Tout ça, le préfet n’a rien à voir. Quand il y a eu affaire de cyanure, le préfet n’était pas là. Même chose pour élection  des femmes. M. le journaliste, c’est les gens de PDS qui tirent en bas parce qu’ils n’ont jamais digéré leur défaite à la mairie. Mais on est là et on verra s’ils pourront faire quelque chose.»

M. Tapsoba Anakoué
( Commerçant)
« On dit qu’un seul porc gâte l’eau pour tous le reste. C’est ce que nous vivons ici à Gorgadji depuis que cette triste affaire de marche  a eu lieu suivi du départ de notre préfet. Depuis, notre nom, le nom des populations de Gorgadji est gâté sur les marchés. Entre nous, qu’est ce qu’a fait le préfet? On parle de cyanure, on parle d’élection de femmes, on parle de... Qu’est ce que le préfet a à voir dans ces histoires? Rien. Celui qui connaît ce préfet, jamais on ne dira qu’on l’a vu quelque part. C’est son domicile, c’est son lieu de travail. Il ne se mêle jamais de ce qui ne le regarde pas. Mais quand il s’agit de faire au nom de l’Etat, là, il ne joue pas. En tout cas depuis qu’il est arrivé, on a senti qu’il y a commandant. Quand quelqu’un vient avec une fausse affaire, il n’est jamais dedans. En tout cas, l e préfet a redressé beaucoup de choses ici à Gorgadji. Et comme il y a des gens qui n’aiùent pas ce qui est clair, on comprend pourquoi certains ont souhaité son départ, et ils l’ont obtenu. Mais on verra la suite


M. Dicko Moussa ( Animateur)
« Tout ce que je sais, c’est que ceux qui ont traîné le préfet dans la boue n’ont jamais dit ou écrit que le préfet était incompétent ou a mal fait son travail. Jamais. Le préfet a-t-il abusé de son autorité. Non. Le préfet a-t-il porté atteinte  à l’intégrité physique d’un habitant de Gorgadji? Non. On dit qu’il est l’ami d’un commerçant qui a voulu utiliser du cyanure ici à Gorgadji. Mais c’est grave ça. On a plus le droit d’avoir un ami si on est préfet? M. le journaliste, ces gens là n’ont pas honoré Gorgadji. Je n’ai rien à voir avec le préfet, mais je pense que s’il y avait des griefs contre lui, il aurait t fallu d’abord dialoguer. Mais au lieu de cela, on a marché et comme c’est bizarre dans le pays. M. le journaliste, à supposer donc que ceux qui soutenaient le préfet contre attaquent. Que va-t-il arriver. Donc, il faut écrire et dire au gouvernement que nous exigeons le retour immédiat de notre préfet car si non, cela constituerait un précédent dangereux. Il ne faut pas donner raison à ce groupuscule. Force et autorité doivent rester à l’Etat. Ou bien? En tout cas, le maire et les autres chefs de services doivent être prêts car si un groupuscule parvient à faire partir un préfet nommé en conseils de ministres, ce ne sont pas de minables chefs de service qui résisteront. Donc, à bon entendeur..»

M. Sebgo Kagaba
« J’étais au village quand on m’a informé qu’un journaliste était arrivé à Gorgadji. Je viens du champ comme ça pour apporter un démenti formel à ce que se raconte à Dori et ailleurs. La population de Gorgadji ne se reconnaît en rien dans la marche contre le préfet et je m’inscris en faux contre toutes les allégations contenues dans la lettre des marcheurs. Cela me fait mal au coeur d’entendre dire que la population a marché contre le préfet alors que moi je n’y étais pas. Je ne suis rien, mais quand il s’agit des intérêts de la population, je ne récule pas; Donc, véritablement si la population avait une dent contre le préfet, ce ne serait pas un groupuscule qui marcherait mais un soulèvement.Donc, de grâce M. le journaliste, aujourd’hui c’est jour de marché, va et interroge les gens. Si c’est la population, vous le saurez. Ce qui est passé est passé, mais plus jamais chose pareille ne se produira à Gorgadji en notre nom. Nous sommes tous enfants de ce village et il faut qu’on se respecte. Je ne défends pas le préfet, il peut se défendre. Mais cela me fait mal que le gouvernement dans la précipitation donne raison à un groupuscule qui foule au pied les règles élémentaires  pour se faire justice. Il ne faut pas encourager ces genres de situation. Je plains déjà le sort du prochain préfet. Il ne pourra plus travailler  sans la peur au ventre. Où est donc l’autorité de l’Etat dans ce cas?»

M. Dramane  Maïga
 ( Courtier)
« Très sincèrement, tout le monde regrette ce qui est arrivé à Gorgadji. Même le groupe qui a marché le regrette parce que cela ne grandi pas Gorgadji. Je me demande si Gorgadji va encore gagner un préfet comme M. Lompo qui a lutté pour nous aider. C’est grâce au préfet Lompo que nous avons eu des cartes d’identité et bien d’autres choses. Le gouvernement aussi est allé vite en besogne. On entend qu’il y a une marche et, sans attendre, on enlève le préfet. C’est devenu comme ça dans le pays là. Il suffit de mobiliser quelques individus et vous menacez de tout brûler pour qu’on vous écoute. Et si ceux qui sont contre disent qu’ils ne veulent pas un autre préfet autre que celui qu’on a enlevé, que va dire le gouvernement?»

LA PAROLE AUX «INSURGES DE GORGADJI»
Si tout le monde était du côté du préfet comme le montrent les premiers intervenants que vous venez de lire, il n’ y aurait pas eu marche et le préfet  n’aurait  pas été relevé. C’est dire que s’il y a des pro- préfets très majoritaires il faut le souligner, il y a aussi des anti- préfets. Et ce groupe a aussi eu la parole pour dire publiquement ce qu’ils reprochent au préfet. Le meneur du groupe est un enseignant de son état, natif de Gorgadji, un certain Zina Boureima. A la question de savoir ce qu’ils reprochent au préfet, Zina Boureima le porte- parole du groupe a répondu : «  Nous reprochons beaucoup de choses au préfet et cela est contenu dans notre demande adressée au maire pour marcher. Il y a d’abord la question du cyanure. Nous reprochons au préfet l’autorisation du cyanure dans la commune de Gorgadji. Nous disons cela parce que l’orpailleur qui utilise ce poison est un ami intime du maire et nous pensons que c’est fort de cela qu’il s’est donné cette liberté de venir empoisonner la population. il ya ensuite l’ingérence du préfet dans les affaires d’association des femmes. Depuis que le préfet est là, c’est la cassure au niveau des femmes parce qu’elles n’ont plus le choix libre de leurs responsables . Nous reprochons au préfet sa dictature et son abus de pouvoir qui consistent à faire arrêter et emprisonner des  conseillers municipaux  sans motif valable si ce n’est qu’ils ne sont  pas du CDP.  Nous accusons le préfet d’enrichissement illicite. Il promet des champs de culture contre de l’argent sans jamais tenir parole. Par ailleurs le préfet se mêle  des questions de divagation d’animaux où il gère comme il veut les taxes perçues). Nous reprochons également  au préfet son attitude vis-à- vis de  notre maire qu’il ne rate pas l’occasion de  dénigrer publiquement avec les propos du genre: «  tais- toi, c’est  grâce à moi que tu es maire » Il y a aussi le  blocage du CSPS de Lolly mossi que nous tenons le préfet pour responsable. En tout cas, il y a beaucoup de choses que nous reprochons au préfet et ayant justifié notre marche».   A la question de savoir s’ils ont cherché à nouer le dialogue avec M. le préfet pour aborder toutes ces questions ? La réponse a été la suivante : «  Non. Nous ne l’avons pas fait parce que le préfet n’allait point nous écouter ». Nos « insurgés » ont- ils la preuve des charges contre M. le Préfet?  là-dessus  également, ils avouent qu’ils se basent sur «  le mécontentement de la population ». Le cas du cyanure met à nue les accusations des «insurgés» . La preuve, ils sont allés incendier les installations d’un orpailleur sur une colline à l’Ouest de la commune sous prétexte que cet orpailleur  utiliserait du cyanure. Et pourtant, à l’issue d’une réunion ténue à la mairie, l’orpailleur en question informé de la dangerosité de l’utilisation du cyanure avait décidé de fermer son site en voie de construction. Pourquoi donc malgré cette décision de l’orpailleur, nos « insurgés » sont allés incendier ses installations ? «  Nous l’avons fait pour montrer à l’orpailleur et à son ami le préfet qu’ils ne sont rien ». Nos insurgés ont-ils déjà vu du cyanure. Apparemment non. La preuve. Pour nous montrer « leurs preuves» les «insurgés» nous ont conduits  sur le site litigieux censé contenir le fameux cyanure.. Une fois arrivés sur la colline, ils nous montrent des traces blanches sur le sol: « voyez ça, c’est le cyanure comme ça. L’un d’eux se met à gratter avec ses doigts. En fait, il ne s’agit que du ciment ayant servi à enduire l’intérieur des trous creusés par l’orpailleur. La vérité est toute simple. L’orpailleur n’avait pas encore commencé l’utilisation du cyanure. Une fois interpellé par le maire et sur conseil du préfet, il avait décidé de mettre fin à ses activités encore en début. Donc, contrairement aux allégations des « insurgés », les trous ne contenaient rien. Et c’est tant mieux, car si réellement les « insurgés » avaient mis du feu au cyanure, on imagine les conséquences pour le village avec la fumée que cela dégagera. C’est là la preuve de l’imprudence des « insurgés ». En voulant se rendre justice, ils risquaient de condamner toute une population à une mort lente et douloureuse. S’agissant de l’arrestation de conseillers dont est accusé le préfet, il s’agit d’un seul conseillé qui, d’ailleurs est venu apporter son témoignage. En fait d’arrestation, le conseillé en question militant du PDS avait eu des propos verbaux  de menace lors d’une distribution de vivres. Aussi, le préfet a saisi la police question de le calmer. Ce conseillé assimile donc son maintien au poste de police comme une arrestation. S’agissant des autres griefs, elles ne se fondent sur aucune preuve ni sur aucun fait vérifiable si ce n’est que des  «on a dit». Pour le cas de l’élection de la présidente des femmes, le procès- verbal existe et montre clairement comment les choses se sont passées. Pour les fourrières, la maison des jeunes, les champs et l’affaire du CSPS, le maire a apporté la preuve du contraire des allégations des «insurgés».  Mieux, le 11 août, l’affaire du cyanure a été jugée à Dori et l’orpailleur appelé «poulo» a été blanchi par le tribunal pour «faits non constitués». Autrement dit, les «insurgés» ont porté de fausses accusations et contre le préfet, et contre l’orpailleur en question.  la question de savoir s’ils roulaient pour une chapelle politique, les «insurgés» jurent, la main sur  le cœur que leur mouvement est purement social. Leur porte - parole ajoute : «  vous savez M. le journaliste, si notre action était politique, elle n’aurait pas eu le succès qu’elle a eu parce qu’ici à Gorgadji, la politique a tout gâté ». On dit que vous êtes manipulé par le PDS et que votre mouvement a été organisé par Yaya Sebgo et financé par Cissé Boubacar ?  A cela, les « insurgés » sont révoltés. Leur porte parole réagi : «  C’est nous manquer du respect en disant que nous sommes manipulés par Sebgo Yaya et Cissé Boubacar. Cissé était simplement venu voir sa mère malade. Du reste, il y a longtemps que Cissé Boubacar ne se soucie plus de Gorgadji. La preuve, allez y voir ce qu’il a comme maison dans sa cour paternelle. Ce n’est pas digne d’un fonctionnaire international qui aime sa commune dont il fut même maire. Quant à Sebgo Yaya, il y a trois mois qu’il n’a plus mis pieds à Gorgadji. Comment ces gens peuvent donc venir nous manipuler. Si tu ne veux pas croire,regarde, lui, c’est le neveu du maire, l’autre, c’est son cousin. Ces deux que vous voyez, ils sont de la famille du chef. Il n’ y a même pas un du PDS dans notre groupe.» Saviez vous au moins que vous pouvez être manipulé sans le savoir ? Pas de réponse. En vérité, on peut croire les « insurgés » quand ils disent que leur action est apolitique. En effet, pendant que nous étions à Gorgadji, Yaya Sebgo nous joignit au téléphone et avoua : «  Pour être honnête, je tiens à te dire que je n’ai eu aucune emprise sur les évènements qui se sont passés à Gorgadji. C’est vrai, j’avais promis au préfet que je lui rendrais la monnaie de sa pièce depuis qu’il avait magouillé pour chasser le PDS de la mairie, mais je dois reconnaître que je ne suis pas celui- là qui l’a fait partir. » Yaya Sebgo, c’est un activiste du PDS, d’autres diront un souffre fifre de Cissé Boubacar à Gorgadji. Le départ du préfet peut avoir des retombées politiques pour le PDS. Donc, logiquement, si la rumeur attribuait cette action à Yaya Sebgo, il ne pouvait que s’arroger cette gloire d’être le tombeur de Lompo. Mais contre toute attente et en toute humilité, Yaya a reconnu n’en être pas l’auteur. Cependant, un «insurgé» qui a souhaité gardé l’anonymat et qui est venu nuitamment nous trouver  avoua que « tout a été planifié  depuis Dori. Cela fait  un an que les choses se préparent et que nous recevions des instructions de Dori. Comme la situation nationale est devenue comme ça, on nous a dit de passer à l’attaque. Et c’est ce qui s’est passé et cela a marché. On a eu la tête du préfet très facilement». Mais qui, à Dori pourrait manipuler ces jeunes gens de Gorgadji? Malgré toute notre diplomatie, il fut impossible d’arracher un nom à notre «insurgé». Toute chose qui vient apporter du grain à tous ceux qui sentaient  dans cette affaire une odeur politique pour ne pas dire politicienne.

LA POSITION DES AUTORITES
Le premier responsable administratif rencontré à notre arrivée fut le 1er adjoint au maire en déplacement. A la question de savoir ce qu’il pense de la marche contre le préfet, le 1er adjoint n’est pas passé quatre chemins pour égrener un chapelet de griefs à l’encontre du maire : «  Pour vous dire la vérité, le maire exagérait dans son commandement qui était autoritaire. Quand dans un village on  disait à un villageois que le préfet le convoque, le pauvre commence à trembler. Même nous à la mairie, quand on voyait M. le préfet venir , on avait la peur au ventre. C’est vous dire combien, le préfet était craint ici. En vérité, c’était lui le maire. Il lui arrivait même de convoquer des rencontres à la place du maire. Toujours, le dernier mot revenait au préfet. C’est pour te dire que nous avons tous applaudi au départ du préfet. Même le maire, s’il est honnête pourra te dire qu’il a poussé un ouf de soulagement une fois le préfet parti. En tout cas, je l’ai vu commenter dans la cour avec joie le départ du préfet. En tout cas, moi je suis tout à fait d’accord avec les jeunes marcheurs car tout ce qu’ils ont dit dans leur déclaration est exact. » . Plus tard, je saurai alors que le 1er adjoint est un militant du PDS de Arba Diallo. C’était lui le maire quand le PDS gérait la mairie. Il fut évincé après la démission de l’ex maire, M. Cissé Boubacar. C’est dire donc qu’il ne peut que fêter le départ de celui- là même qu’il considère comme son tombeur, le préfet Lompo. Donc, on comprend sa position qui est éviLdemment différente du maire titulaire. En effet aux environs de 14 h, on nous annonça l’arrivée de M. le Maire de Gorgadji. Nous fûmes immédiatement reçu. D’entrée de jeu, le maire dit condamné avec vigueur «  le comportement de quelques jeunes qui se sont arrogés le droit de parler au nom de la population de Gorgadji ». Et le maire amer d’ajouter : «  Le seul représentant légitime de la population de Gorgadji, c’est moi le maire. S’il y a à prendre la défense de ma population, c’est moi. Voilà pourquoi je condamne avec la dernière énergie la marche qui a eu lieu contre M. le préfet. Vous savez, j’ai tout fait pour empêcher cette marche, mais apparemment, ces jeunes avaient leur idée arrêtée et ils ont honni la commune car nous vivons cela comme une honte à Gorgadji. En tout cas, cela ne nous grandit pas auprès de nos autorités . La preuve en est que M. le Haut- Commissaire avait donné rendez vous aux jeunes marcheurs à Dori afin qu’ils exposent leurs griefs mais apparemment, ces jeunes poursuivaient d’autres objectifs et ils ont refusé la main tendue de M. le Haut- Commissaire. Je regrette et condamne ce comportement. A la question de savoir comment il réagi face aux accusations des jeunes formulées contre e préfet, le maire est cétégorique : «  je m’inscris en faux contre tout ce qui a été dit contre le préfet. On l’accuse d’encourager l’utilisation du cyanure. Je dis que quand l’affaire de cyanure a commencé, le préfet était absent pour raison de santé. Quand il est venu, on a tenu une réunion ici dans mon bureau et l’affaire de cyanure a été close puisque l’orpailleur qui n’avait pas commencé les travaux les a arrêtés. On dit que le préfet s’ingérait dans les affaires de la commune. Du vent tout cela. Le préfet ne vient que quand il reçoit une invitation comme tout le monde. L’ affaire de la désignation des responsables des femmes, le préfet n’a rien  à y voir. Rien du tout. » A qui donc profite le crime, si crime il y a ? A cela le maire est catégorique : «  Ceux qui n’ont pas digéré d’avoir perdu leur trône à la mairie doivent certainement se réjouir. La preuve en est que pendant une semaine mon premier adjoint était porté disparu comme par enchantement. C’est quand il a appris le départ du préfet qu’il a remis pieds à la mairie. Vraiment, je vous remercie d’être venu et d’avoir donné la parole à tout lemonde. Comme ça, chacun se fera une idée de ce qui s’est passé. Mais avant de terminer, je tiens à relever un point.Cest l’attitude de la police de Gorgadji que je ne m’explique pas. Depuis quand, une police apprenne à des marcheurs comment marcher. C’est ce qui s’est passé à Gorgadji. C’est la police qui a montré aux marcheurs comment rédiger leur demande avant de me l’envoyer. Et quand j’ai appris la marche, j’ai demandé à la police de l’interdire. Ce qui n’a pas été le cas. La police me dit que les marcheurs sont en règle et que par conséquent elle ne peut rien faire. Mieux, c’est au commissaire de police que le Haut- Commissaire avait dit d’informer les jeunes de venir à Dori pour les  rencontrer. Le Commissaire est revenu et n’a pas donné l’information au motif qu’il a oublié. Allez y comprendre quelque chose. Vraiment je n’ai pas compris le comportement de  la police» En tout cas, les «  insurgés » de Gorgadji ont effectivement reconnu à notre micro qu’ils ignoraient la conduite à suivre pour faire la marche et qu’ils ont été guidés par la police qui «  nous a montré comment faire une demande. En plus, la police nous a conseillés que pendant la marche, de ne pas répondre à une provocation quelconque. Qu’il faut attendre la fin de la marche et venir convoquer celui qui nous provoqué » a expliqué le porte- parole des insurgés. C’est fort donc du soutien du bras séculier de M. le préfet, à savoir la police qui devrait sécuriser la préfecture et les autres services, que les « insurgés » ont pu mener leur marche et avoir gain de cause à savoir la tête du préfet comme trophée. Et pourtant, des témoignages concordant affirment que « c’est grâce au préfet que lors de leurs manifestations, les élèves n’avaient pas brûlé le commissariat» L’on pense donc que logiquement, la police aurait dû se mettre du côté de l’autorité de l’Etat représenté par le préfet et non du côté d’»une bande d’insurgés»Peut- être que les policiers avaient leurs raisons dont eux seuls savent les tenants et les aboutissants. Peut- être!
Dori-Gorgadji- Dori
Salif Ouattara et L.O.B
Août 2011


13/09/2011
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