La voix du Sahel

NOTRE VOIX

Tin Akoff. Majestueusement, la rivière Béli s’étale à perte de vue entre dunes de sables. Comme c’est pittoresque et extraordinaire, cette merveille naturelle qu’est le fleuve béli! Sur les rives, aussi majestueusement, des troupeaux à perte de vue. Loin là-bas,s’entendent des cris des bergers. Très loin là-bas,  au flanc d’une dune, un campement . Des huttes de branchages, quelques tiges de mil suffisent pour constituer un habitat. Le spectacle en tout cas est fascinant. D’où la question: Que font tous ces bergers en pareille période de l’année  au bord du Béli? En effet cette présence de tant de troupeau en cette période de l’année n’est pas ordinaire pour qui connaît les habitudes des pasteurs nomades dans cette partie de l’Oudalan. En effet, généralement, les mouvements de troupeaux se signalent vers les mois de grande chaleur dans le sahel à savoir d’avril  à mai. C’est durant cette période que les transhumants du Niger, du Mali et du Burkina assiègent le Séno Mango, notamment la rive sud du fleuve Béli dans la zone Fadar- Fadar sud et Rafnaman après avoir quitté le forage Christine. Mais cette année, à peine  que la saison pluvieuse ait pris fin que les populations affluent. Que se passe-t-il donc? La réponse est toute simple: «la mauvaise pluviométrie» nous déclare Korka, un jeune berger qui parle correctement le français qu’il dit avoir appris «comme ça». Et Korka de nous faire comprendre que « la situation cette année est très grave pour les populations de Tin A koff et aussi des Maliens et des Nigériens »  En effet, ceux qui, déjà assiègent les rives du Béli ne sont pas tous des Burkinabè. On y rencontre aussi des éleveurs d’autres nationalités. Korka nous explique d’avantage: « Les éleveurs Maliens et Nigériens sèment chez eux et quittent laisser les récoltes venir vers nos pâturages avant de retourner  ensuite  récolter. Il se trouve que cette année, ils ne se sont même pas donné la peine de retourner parce que tout simplement non seulement ils ne vont rien récolter mais pire, il n’ y aura pas d’eau et de pâturages pour leurs animaux. Voilà pourquoi ils restent ici.» A la question de savoir ce qu’il pense de cette présence de  pasteurs étrangers dans leurs pâturages, le jeune berger burkinabè reconnaît qu’il y aura trop de pression sur le maigre pâturage qu’il y a eu cette année, mais qu’il sera obligé d’accepter cette présence d’autres nomades « parce que ce sont des frères. Nous sommes seulement différents à cause de nos cartes d’identités. Nous aussi, quand ça ne va pas, nous partons au Mali et au Niger et nous sommes chez nous là- bas». Quel bel exemple d’hospitalité!
Tout cela pour dire que contrairement à la thèse officielle du gouvernement burknabè qui tend à faire croire que la saison agricole est «acceptable»  dans la province de l’Oudalan, la situation est plutôt très inquiétante.  Et pourtant, si vous interrogez les populations le long de la dune du gorouol et ceux de Tin Akoff,  ces populations vous diront que certes, il y a eu quelques poches de sécheresse, mais la quantité d’eau recueillie est suffisante pour mûrir les récoltes. Comment se fait-il donc que l’Oudalan où la saison était prometteuse se retrouve dans la zone rouge? Un paysan de Takabangou  à la frontière nigérienne explique leur triste sort: «Juste quand notre mil a commencé à mûrir que nous avons été attaqués par des insectes genre cantharides qui s’en prenaient à nos récoltes. Nous avons lancé des SOS, mais en vain. En désespoir de cause, nous étions obligés de récolter notre mil avant maturation.». A Tin Akoff, ce sont des criquets qui ont complètement compromis les récoltes. A la question de savoir si les services de l’agriculture avaient été informés, un paysan de Tin Akoff répond: « Services de agriculture? Ils sont venus mais tout était gâté. C’est infirmier après la mort». En tout cas, si les services de l’agriculture dans l’Oudalan étaient intervenus et à temps, nul doute que la province serait réellement excédentaire. Par exemple quand l’on parcours les champs, l’on constate sur les hangars, des quantités énormes de fanes de niébé. Mais quand vous demandez aux paysans du haricot pour acheter, vous n’en trouverez point «à cause des insectes ravageurs» disent les paysans: «Quand le haricot a commencé à fleurir et à faire des gousses, les insectes sont intervenus pour tout détruire. Nous  avons informé les agents de l’agriculture qui ont dit qu’ils ont informé leurs chefs.  Et c’est ainsi que nous avons assisté impuissants au ravage de nos récoltes par les insectes.» explique un paysan de Takabangou, les larmes aux yeux. Donc, si les services de protection des végétaux avaient les moyens nécessaires et étaient intervenus à temps, nul doute que la situation agricole dans l’Oudalan serait meilleure qu’elle ne l’est. Mais hélas, encore hélas. Ceux qui devraient crier  assez fort la douleur des paysans ne l’ont pas fait avec franchise et honnêteté, et à qui de droit. L’on a préféré camouflé la vérité.  Si non, comment comprendre que durant le séjour du chef du gouvernement au Sahel, ne fut aucunement fait cas de cette menace dont les paysans étaient victimes dans l’Oudalan et dans d’autres  zones du Sahel. Pourquoi n’a-t-on pas conduit le chef du gouvernement sur le terrain de la réalité? Il semble donc que quelque part, les fautifs dans cette affaire sont  ceux- là qui, dans l’intention de protéger leurs petits postes, ont caché à la haute autorité la vérité. Ces serviteurs de l’Etat qui cachent la vérité à l’ Etat méritent- ils vraiment d’assumer des responsabilités? Et  pourtant, tout porte à croire que c’est le cas, à quelques exceptions près sous le système décadent qui nous gouverne. Comment alors dans ces conditions, le concepteur de cet Etat décadent entende-t-il  jeter les fondements d’un Burkina émergent ? Comment?


15/12/2011
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