La voix du Sahel

Editorial

uestion: Excellence, répondez par  oui ou par non.Croyez vous possible une seconde révolution au Burkina?
Réponse:» On ne commande pas une révolution, et ce n’est pas une fin en soi. C’est une remise en cause et une transition violentes. La révolution ne peut pas être pérenne.Le sage ne souhaite pas l’avènement d’une révolution tant il use de sa perspicacité pour corriger et entretenir les réformes, le progrès. Lorsque ceux-ci sont observés avec constance, une révolution n’a pas sa raison d’être. Ce qui la rend inévitable dans toute société, c’est la rupture entre gouvernants et gouvernés. Lorsque les premiers sont pris d’égarement, de perversion, de mépris pour le peuple...Toutes choses qui conduisent inéluctablement à la perdition des uns et à la rédemption des autres...dans la brutalité. En définitive, le but pour tout pouvoir ici et autre part est de ne pas s’étourdir et en venir à oublier sa mission: SERVIR LE PEUPLE.Si un pouvoir commet ces erreurs, au Nord ou au Sud, la rue, les armes ou les urnes lui rappelleront sa raison d’être(souligné par nous). Et ce que je dis n’est point une révélation. On le voit à travers le monde.» Nous sommes en 1997. l’ambassadeur Isamël Diallo est Conseiller Spécial du Président du Faso. A ce poste, avant de parler, il faut tourner plusieurs fois sa langue dans sa bouche. Son Excellence l’ignorait-il? Nous pensons que non. Tout comme il n’ignorait  pas les conséquences du non respect de cette règle non écrite. Toujours est-il que son Excellence accorda une interview au journal la Voix du Sahel. Dans cette interview, l’intellectuel, le libre penseur, l’emportèrent sur le diplomate et le politique. Et son Excellence parla. La suite, on la connaît. Ismaël Diallo perdit son poste de Conseiller spécial à la présidence du Faso. Mais qu’avait dit son Excellence dans cette interview qui eut fâché le prince qu’il servait et ses courtisans? Rien. Son Excellence avait tout simplement fait des remarques, des constatations, des observations sur la manière de gouverner de tout pouvoir. Exactement comme le passage que vous venez de lire.
Mais il faut avouer qu’il fallait du courage, du cran à l’époque ( en 1997) pour faire de telles prédications. On était vite taxé d’oiseau de mauvaise augure. Et pourtant! Donnez vous de la peine à lire ce propos de son Excellence Ismaël Diallo, tenu il y a 14 ans et analyser surtout le passage: « Ce que je dis n’est point une révélation. On le voit à travers le monde.» En vérité, quand Son Excellence tenait ce propos, on ne voyait rien d’extraordinaire à travers le monde. Tout au moins, on notait à l’époque ici et là, des marches pour réclamer des « conférences nationales souveraines» ou tout le plus pour davantage de démocratie. C’est dire qu’en 1997 on ne voyait vraiment rien de particulier en terme de révolution à travers le monde. C’est maintenant qu’on le voit à travers le monde. Et c’est la  Tunisie qui a donné l’exemple. Souvenons- nous que c’est en 1987 que le Colonel Zine Abidine Ben Ali, alors premier ministre du président Habib Bourguiba s’emparait du pouvoir. C’est la même année qu’au Burkina, un certain Blaise Compaoré, militaire également de  son état s’emparait du pouvoir en marchant sur le cadavre d’un autre militaire, un certain Thomas Sankara alors Président du Conseil National de la Révolution, et Président du Faso. En 2010, soit exactement 23ans après, Ben Ali est chassé du pouvoir par ceux- là- mêmes qui naissaient quand il renversait le vieux président Bourguiba. Ben Ali et sa bande savent- ils seulement ce qui leur arrive 23 années après? Et pourtant, que ne disait- on pas de la Tunisie. On disait que oui, il n’ y a pas de démocratie en Tunisie, mais le pays marche, l’économie est prospère. On disait que la Tunisie était un pays émergent, un futur dragon en Afrique. On louait la fermeté du régime tunisien. On enviait même le dictateur Ben Ali qui était cité en exemple.
Mais la réalité était toute autre. La fameuse croissance n’était qu’une embellie, de la poudre aux yeux. Parvenu au pouvoir dans les conditions que l’on connaît, Ben Ali et sa bande n’ont pas été sages. Ils n’ont pas, comme le disait si bien ismaël Diallo usé de leur  perspicacité pour corriger et entretenir les réformes, le progrès. Si Ben Ali avait pensé à des reformes sincères et honnêtes, et s’il avait su  observer  avec constance ces réformes, il n’aurait pas été  victime d’une  révolution. Mais hélas. Et ce qui est valable en Tunisie, en Egypte, en Libye, est valable au Burkina Faso. En effet, depuis un certain temps, le pays est secoué par une révolution qui ne dit pas son nom. Dans les quatre coins du pays, on casse, on brûle. On nous dira, mais ce ne sont que des élèves en colère. Et c’est là justement le danger. C’est la crème de la société, c’est la couche privilégiée de la société, celle qui est éduquée par les ressources de  la collectivité qui s’en prend justement aux biens communs. Et quand vous faites la moyenne d’âge de ces jeunes révolutionnaires, vous tombez sur 15 ans. Ceux qui détruisent aujourd’hui les commissariats, les gouvernorats, les mairies et autres, sont tous nés sous le règne de Blaise Compaoré et de son CDP. Ce sont ceux- là qui ne craignent rien, qui n’ont aucun respect pour les biens communs. Vous ne comprenez toujours pas? La morale a commencé à agonir à partir de quand? C’est sous le règne du chef de l’Etat actuel et de son CDP que la morale  a commencé son agoni. Les nouveaux riches qui narguent le peuple, c’est à partir de quand? Les voleurs et autres détourneurs, c’est à partir de quand? La banalisation de la vie humaine, c’est à partir de quand? Les carnages et le dénie de justice, c’est à partir de quand? Norbert Zongo, c’est à partir de quand? A partir de quand, Norbert interpellait le chef de l’Etat sur la nécessité de reformes dignes de nom? A partir de quand toute la presse interpelle le chef de l’ Etat sur son mépris et son égarement vis-à- vis  du peuple? Mais qu’a fait le chef de l’Etat? que fait- il devant la douleur de son peuple? «Un peuple qui souffre n’est pas un loup qui danse»  Le chef de l’ Etat devrait le savoir et cesser de narguer et de mépriser son peuple en ayant pour souci premier de SERVIR, rien que SERVIR LE  PEUPLE. Mais au lieu de cela, l’on assiste  hélas, au mépris et à un égarement du chef de l’Etat et de son pouvoir. Exactement comme Ben Ali ou Moubarak se comportaient, le chef de l’ Etat, notre président bien aimé voté à 80% est un président, nu et isolé. Perdu dans sa tour d’ivoire, le président ne voit rien, n’entend rien . Et pourtant, le peuple affamé, méprisé, crie  justice, égalité et équité. Mais enfin, que le chef de l’Etat n’ait pas la mémoire courte. N’est- ce pas un certain Blaise Compaoré qui, à la tête de ses commandos de Pô a marché sur Ouaga apportant la révolution au peuple? N’est- ce pas un certain Blaise Compaoré qui, un certain 15 octobre a rectifié «sa» révolution en « dérive»? N’est- ce pas un certain Blaise Compaoré qui, par la suite, deviendra «le père de la démocratie burkinabè»? Absolument. Si de 1a révolution à nos jours, tout a presque  bien réussi pour le chef de l’Etat, c’est  que jusque là, il n’ y avait pas, nous le pensons, ni  de mépris pour le peuple, encore moins  d’égarement et de perversion des dirigeants. Et aujourd’hui?
En tout cas, un proverbe lyélé dit que c’est « la queue du singe  sert à attacher sa propre carcasse»
Prométhée


29/03/2011
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