La voix du Sahel

COMMENT LA POLICE DE GOROM FABRIQUE LES COUPABLES

Le jeudi 11 août 2011 s’est déroulé au palais de justice de Dori, un procès qui fait froid au dos, en ce sens qu’il a mis à nu, certaines légèretés dont fait preuve certains officiers de police judiciaire lors de leurs enquêtes. Des légeretés qui ont sans doute conduit beaucoup d’innocents à perdre leur droit le plus cher: le droit à la liberté. Et le 11 août 2011, n’eut été la clairvoyance du tribunal, un innocent payait le prix. Cette affaire est tellement grotesque pour ne pas être portée à a connaissance du public. 
Les faits.
Le 6 février 2010, une jeune femme qui travaille dans une mine d’or attend le car qui doit la ramener à son  lieu de travail. Il fait encore sombre. Selon les explication à la barre de cette dame, c’est pendant qu’elle attendait le convoi que deux individus surgirent de la pénombre, et sans qu’elle ne se rende compte, elle aurait été assommée par l’un des individus qui serait un homme en compagnie d’une femme dont elle aurait reconnu la voix. Après les faits donc, la victime evidemment porta plainte à la police. Cette dernière fait une descente sur les lieux et interpelle un présumé coupable identifié par la victime  est conduit au commissariat et gardé à vue pour les besoins de l’enquête. Il reste donc à identifier la femme qui accompagnerait l’agresseur. Le 10 février, soit 4 jours après les faits, la victime identifie une femme du secteur comme étant celle dont elle a entendu la voix le jour de l’agression. Le 11 août donc, et logiquement, l’agresseur présumé et la femme accusé de complicité ont comparu à la barre pour répondre des chefs d’inculpation. Et c’est à partir de là qu’on a rien compris.
L’accusé n’est pas l’accusé.
A la barre donc, il y avait bel et bien la dame accusée de complicité de coups et blessures et le présumé coupable désigné par la victime. Seulement voilà, il va s’avérer que celui qui est à  la barre auprès de la femme accusée n’est pas l’agresseur présumé désigné par la victime. Celui qui comparaissait le 11 août pour être jugé n’était  personne d’autre que le frère de la femme accusée de complicité. Que s’est- il donc passé? Il faut avouer que le tribunal a perdu le sens de la balance ce fameux jour du 11 août 2011. N’eût été la présence de l’assistance, il  y aurait eu clash entre le président du tribunal et le procureur. Exemple de morceau choisit: « Monsieur le procureur, voyez vous le travail de vos gens. Ils arrêtent des gens, les libèrent et arrêtent d’autres qu’ils nous envoie jugés sans même vous en informer». s’indigne le président du tribunal. Silence total du côté du ministère public. Lourd silence dans la salle. Le président du tribunal demande à la victime: « Madame, est ce que monsieur x à la barre est celui que vous avez  indiqué à la police  comme  votre agresseur présumé?» réponse de la femme: « non M. le Président, ce n’est pas lui» Vives clameurs dans la salle.  Et le président du tribunal de revenir à la charge vers le procureur: « Vous voyez M. le procureur. C’est comme ça, on va condamner un innocent et après on nous fait porter le chapeau.» La question alors se pose de savoir sur quelle base la police a pu libérer le premier suspect pour le remplacer par un autre, le frère de la femme accusée de complicité sans même aviser le procureur.  C’est cela qui a effrayé plus d’un dans la salle d’audience  Est- ce parce que la soeur du commissaire est accusée de vole que le commissaire lui- même devient un suspect sérieux ou est- ce parce qu’un voleur a couru rentrer dans la résidence de M. le commissaire qu’il faille l’accuser de complicité de vole. Est- ce le procureur qui a ordonné à la police la libération du premier accusé pour le remplacer par une autre personne? Autant de questions qui étaient sur toutes les lèvres et dont seul l’opj qui a instruit ce dossier pourra répondre.   Finalement, le procureur lui- même qui chargeait au début le faux accusé va faire machine arrière pour s’en prendre à la victime: « Vous voyez madame, ce n’est pas sérieux. Les éléments que vous avancez ne sont pas crédibles ni suffisants pour accuser quelqu’un . Comment pouvez vous accuser quelqu’un comme ça par le simple fait d’avoir entendu sa voix, ou parce que quelqu’un a couru rentrer dans sa cour? « . Au regard donc de tout ce qui précède, , le procureur va demander au tribunal de relaxer purement et simplement les prévenus s’ils ne sont poursuivis pour toute autre chose. Le procureur sera suivi dans son réquisitoire par le président du tribunal qui a acquitté les deux prévenus. Un détail important: les deux prévenus étaient assistés par un avocat dont la présence a permis au tribunal de découvrir le faux accusé fabriqué par la police. Et ce n’est pas fini. Il y a eu le procès- verbal d’enquête qui pose problème. Le procès verbal d’enquête, c’est le miroir pour le tribunal. Le procureur s’en sert, le président s’en expire, et la défense l’exploite. Ce procès verbal d’enquête est sensé contenir tous les éléments indispensables à la compréhension de l’instruction à savoir les différentes dépositions. Mais dans le cas qui nous intéresse, le PV «était désespérément vide.» d’après l’avocat de la défense.  Point des dépositions des chauffeurs qui ont transporté la femme accusée. Aucune trace non plus de la déposition du logeur de la femme, et bien d’autres. On s’est contenté des « il paraît que ton logeur à dit que». Où est donc passé le vrai procès- verbal d’enquête, car apparemment, nos OPJ très bien formés ne peuvent en aucune façon pondre une telle pièce, sachant bien qu’ils peuvent envoyer un innocent derrière les barreaux. Pour conclure donc, on dira que si la justice n’avait pas été vigilante, nul doute qu’elle aurait commis une grave erreur de justice en envoyant deux innocents individus derrière les barreaux tout simplement parce que quelque part quelqu’un a failli à sa mission. D’où la question. Ce cas serait-il unique en son genre ou bien c’est la règle comme ça dans ce commissariat où chaque OPJ  est libre et  capable de fabriquer son coupable et de livrer ainsi à la justice. Nous osons croire que non, et que ce cas n’est que l’exception qui confirme la règle et que  nous pouvons toujours continuer à croire à la probité intellectuelle et morale de nos OPJ quand il s’agit de décider dans l’instruction de nos dossiers à eux confiés. L’erreur est humaine. Et quand nous commettons une erreur réellement humaine, notre conscience pourra l’accepter et la gérer avec le temps. Mais quand, sciemment, nous posons des actes sachant bien qu’ils peuvent nuire à autrui, où mettons alors, notre responsabilité et notre conscience? Tous autant que nous sommes, chaque jour que Dieu fait, nous commettons des erreurs dans l’exercice de nos missions. Donc, tous, nous pêchons. Raison pour laquelle il faut s’abstenir de jeter la pierre à autrui. Tout ce qu’on peut souhaiter, c’est que chacun puisse agir selon sa conscience et son intime conviction quand il s’agit de la vie et de la liberté d’autrui. Cela l’est d’autant plus pour ceux- là qui sont détenteurs de la force publique. Ces derniers doivent avoir le courage d’agir au nom de la loi et non pas de leur loi
            Prométhée


13/09/2011
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